Première semaine du premier stage. Je l’avoue, j’avais un peu peur. Pas des personnes âgées, non, au contraire ça me rassurait de commencer par un EHPAD Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Non, LE truc qui me faisait flipper, c’était l’équipe. Parce que faut pas rêver hein, chez les aides-soignantes, il y a surtout des filles. Donc des équipes de filles. Et patati et patata, et blablabli et blablabla. Making of Babeth un pseudo a la trentaine, elle était auxiliaire de vie à domicile et elle vient d'intégrer, après concours, une école d'aide-soignante. Elle raconte ici et sur son blog son premier mois de stage. Rue89 Du coup, pour réussir mon intégration, je me la joue stagiaire candide. Sourires et humilité à fond les ballons. Ecouter, regarder, poser des questions... Noter plein de choses dans mon cahier, celui qui est lu par l’équipe, et noter des petites choses dans mon carnet, celui qui reste dans ma poche. Une petite phrase, un petit suite après la publicité Quelques exemples ? Jour 1. Mme A. J’ai envie de faire pipi. » L’aide-soignante Vous avez une protection, faites dedans. » euh... non, rien Jour 2. Tiens... Bizarre... Certains sont couchés à 15 heures... Oh merde, c’est sérieux là ? Jour 3. Une aide-soignante à un résident Ça va pas bien dans votre tête, vous ! » Jour 4. Une aide-soignante, parlant des résidents Oh, c’est comme des gosses en fait ! » ben non, en fait Jour 5. Une aide-soignante à une personne hémiplégique qui crie de douleur pendant la toilette Vous n’avez qu’à la faire toute seule, votre toilette ! » ha ha, très drôle Bon, je vais continuer dans le rôle de la stagiaire candide, je sens que c’est préférable. Et tant qu’à faire, je vais aussi essayer de fayoter un peu, histoire de me faire bien voir. Ben oui, le stage est noté voyons ! Cette phrase, je l’ai reçue comme un uppercut Une toilette, c’est quinze minutes, pas plus ! » Voilà. Cette phrase, prononcée ce matin par une aide-soignante, je l’ai reçue comme un uppercut. Parce que je venais de finir ma première toilette au lit, seule, chez une dame hémiplégique plus quelques autres broutilles, mais je ne m’étalerai pas sur le sujet, pour son anonymat et le mien, et que j’ai galéré. Parce que je n’étais pas organisée. Parce que je n’étais pas douée. Parce que je n’étais pas pressée. Parce qu’il y avait le change, et puis la toilette, et puis l’habillage, et puis le coiffage, et puis le brossage de dents... et puis le papotage ! Parce qu’il y avait une rougeur suspecte, et que la crème que j’étais censée appliquer était périmée depuis un an, alors forcément je pouvais pas. Parce que je suis allée chercher l’infirmière, qui est venue, qui a regardé, et qui est revenue avec un suite après la publicité Parce que forcément, tout ça, ça m’a pris plus que quinze minutes. Parce que j’aurais pu oublier » le brossage de dents, ignorer » la petite rougeur suspecte, omettre » deux ou trois petites choses voire plus et peut-être que oui, j’aurais fini en temps et en heure. Parce que finalement, malgré mes efforts pour bien faire, je me suis sentie nulle, à côté de la plaque. Parce que toute la journée, il y a eu plein de choses qui m’ont donné envie de suite après la publicité Parce que putain, quand je serai vieille et dépendante, plutôt crever que d’aller dans ce genre d’endroit ! Parce que putain de merde, avoir traversé la guerre, avoir enfanté dans la douleur, avoir travaillé, sué, souffert, et finir là, plus tout à fait vivant mais pas tout à fait mort, non, vraiment, non, non, NON ! ! ! ! Manque de motivation. Manque de curiosité intellectuelle » Réunion de crise dans l’office pour parler de la stagiaire moi. Il y a là l’équipe du matin, celle de l’après-midi et... la cadre. Attention, ça rigole pas. La stagiaire ? Pas conviée. Elle attend dehors, dans le couloir. Elle aurait dû renvoyer sa feuille d’évaluation à l’IFAS Institut de formation aide-soignant il y a deux jours mais... l’équipe n’avait pas encore parlé, pas encore coché les petites cases, pas encore mis son appréciation. C’est que ça prend du temps tout ça, il faut savoir choisir ses mots, ceux qui vont faire mal, qui vont laminer la stagiaire, la faire douter, voire pourquoi pas, la faire pleurer. La stagiaire attend. Dix minutes. Vingt minutes. Une demi-heure. Pour passer le temps, elle va dire au revoir à Madame adorable. Son mari est là, comme toujours, et comme toujours, il se tient à côté d’elle et leurs mains sont entrelacées. En apprenant son départ, il se met à pleurer. C’est malin, elle aussi a envie de pleurer maintenant ! La suite après la publicité Pendant ce temps, l’équipe écrit Manque de motivation. Manque de curiosité intellectuelle. » Ça devrait lui faire passer l’envie de devenir aide-soignante à cette greluche ! Monsieur adorable pleure. La stagiaire pleurniche. C’est pas très sérieux tout ça. Dans l’office, ça parle encore. Quand même, quel boulet cette stagiaire ! Lente, gauche, effacée... Transparente ? Dans la chambre de Madame adorable, la stagiaire remarque soudain quelque chose de nouveau de la musique ! Ce matin, elle avait suggéré à Monsieur adorable de ramener quelques disques à écouter avec sa femme, histoire de changer un peu de la télé qui vomit ses émissions débilisantes à longueur de journée. Sur la commode, elle vient de voir quelque chose le Roméo et Juliette » de Gounod ! Elle chantonne Je veux vivre dans ce rêve... » Monsieur adorable sourit, Madame adorable applaudit, la stagiaire rit.

Titre Date de diffusion Abolissons l'anesthésie 18 février 1983 Admirons le charmeur de pommes de terre 20 février 1984 Amusons-nous avec un être cher et un canon 15 décembre 1982 Apprenons à faire décoller une alsacienne[3] 30 mars 1983 Apprenons à pratiquer l'interruption volontaire de vieillesse 29 mars 1983 Apprenons à reconnaître un communiste 12 décembre 1982 Apprenons à vaincre la mort avec un marteau 4 décembre 1982 Asseyons un aveugle dans un fauteuil pour sourd 2 avril 1983 Authentifions quelques jocondes 14 février 1983 Autopsions la pucelle inflammable 17 février 1984 Bouffons du flic 29 février 1984 Bouffons du lion 28 février 1984 Censurons le rossignol 16 février 1984 Chassons le naturel pour savoir s'il revient 24 février 1983 Chassons nos comédons avec tact 16 décembre 1982 Commémorons gaiement la mort de Pasteur 25 février 1984 Commémorons n'importe quoi 24 février 1984 Compatissons aux misères humaines à peu de frais I 8 décembre 1982 Compatissons aux misères humaines à peu de frais II 19 décembre 1982 Compatissons aux misères humaines à peu de frais III 8 mars 1983 Compatissons un peu aux misères des carrefours 16 mars 1984 Concubinons dans la trépidance avec une star du muet 17 février 1983 Décrispons la berrigoulaine 6 février 1984 Défendons la veuve contre l'orphelin 8 mars 1984 Démoralisons une majorette 19 février 1983 Départageons les ex-aequo au hit parade des bienheureux 5 mars 1984 Dissolvons la monarchie absolue dans l'acide sulfurique 18 mars 1983 Égayons une veillée funèbre 1er mars 1983 Embellissons un épouvantail 10 décembre 1982 Enterrons Jeanne d'Arc à La Garenne-Colombes 22 février 1984 Épanouissons notre libido à l'intérieur des liens sacrés du mariage 9 mars 1983 Esbaudissons-nous de la précocité de Mozart 10 mars 1984 Essayons d'apprivoiser un fonctionnaire sauvage 13 mars 1984 Essayons de ne pas rire avant la fin d'Hamlet 13 février 1984 Essayons en vain de cacher notre antisémitisme 9 mars 1984 Essayons vainement de faire apparaître la Sainte Vierge 17 décembre 1982 Étudions le cochon narquois 4 mars 1983 Euthanasions un kamikaze 16 février 1983 Évaluons le quotient intellectuel de Beethoven 26 mars 1983 Évitons d'importuner l'étrangleur 15 février 1984 Évitons de sombrer dans l'antinazisme primaire 21 février 1984 Évitons une mort grotesque au cœur de l'automne 3 mars 1983 Exultons dès potron-minet grâce à la science 23 février 1983 Faisons exploser notre sensualité à peu de frais 13 décembre 1982 Faisons fondre une brute inhumaine avec un vieux flonflon 25 mars 1983 Faisons succomber une bougresse à l'impétuosité pétaradante de notre fringant amour 7 mars 1983 Humilions le chancelier Adolf Hitler 1er avril 1983 Ignifugeons Louis XVI 24 mars 1983 Inaugurons avec faste un bocal à poisson rouge 26 février 1983 Insonorisons une andalouse 3 décembre 1982 Inventons l'électricité Jouons à colin-maillard avec un aveugle 11 mars 1983 Jouons à la roulette russe avec un imbécile 19 mars 1983 Jouons à pince-académicien 1er décembre 1982 Jouons à saute-dictateur 21 février 1983 Livrons-nous à la débauche en pleine rue Jean-Jaurès 5 décembre 1982 Maitrisons un escargot forcené 14 décembre 1982 Napoléons 31 mars 1983 Observons le dégustateur d'obus 2 mars 1984 Observons les jumeaux à la jumelle 7 février 1984 Ouvrons les fenêtres - Premier volet 17 mars 1983 Petipatapons 11 février 1984 Plongeons-nous dans la généalogie pontificale 25 février 1983 Présentons Napoléon à Louis Armstrong 14 février 1984 Raccrochons-nous désespérément au passé 15 février 1983 Raillons l'héroïsme 12 mars 1984 Rappelons-nous le crépuscule du diable Remettons le petit prince à sa place 6 mars 1984 Rendons hommage à Néfertitine 7 mars 1984 Rendons hommage à Victor Hugo sans bouger les oreilles 6 décembre 1982 Rentabilisons la colère de Dieu 22 février 1983 Rentabilisons la minute de silence 28 février 1983 Rentabilisons un général de brigade entre-deux-guerres mondiales 7 décembre 1982 Rentabilisons une paimpolaise 11 décembre 1982 Respectons la beauté de la guerre en apprenant à reconnaître l'ennemi 8 février 1984 Restons assis sur rien 14 mars 1984 Retrouvons le fils caché de Tintin 14 mars 1983 Rompons notre solitude avec un marteau 22 mars 1983 Sachons cacher notre joie à l'enterrement d'un être cher 18 décembre 1982 Sachons distinguer une balle à blanc d'une balle à noir 10 mars 1983 Sachons distinguer une gardienne d'immeuble d'un oléoduc 9 décembre 1982 Sachons faire ronronner une secrétaire trilingue 30 novembre 1982 Sachons planter les choux 23 février 1984 Sachons reconnaître la joconde du jocond 28 mars 1983 Sachons reconnaître un centaure d'un percheron 9 février 1984 Souillons le souvenir d'un généralissime oublié 1er mars 1984 Tentons en vain d'isoler le virus de la peste 27 février 1984 Tirons les rois pour sauver la république 15 mars 1983 Touchons du doigt le fond de la misère humaine 2 décembre 1982 Transformons une grenouille en plombier charmant 15 mars 1984 Tuons le temps en attendant la mort 18 février 1984 Vérifions l'infaillibilité du pape 29 novembre 1982 Vérifions le puritanisme de la reine Victoria 5 mars 1983 Vérifions si sa sainteté est sérieuse comme un pape 2 mars 1983 Visitons la foire aux cactus 3 mars 1984 Voyons si la Sainte Vierge est malpolie 12 mars 1983 Voyons si sainte Blandine est cancérigène 23 mars 1983 Voyons voir si Superman ne serait pas un peu métèque sur les bords 10 février 1984

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ce monsieur avait une minute très nécessaire